Mémoires de Jeunesse : Biopic de la célèbre féministe Vera Brittain

Par Marie Mercury

Coucou tout le monde, aujourd’hui je vous retrouve pour un nouvel article détente. J’avais très envie de vous parler du film que j’ai visionné il y a quelques mois. Mémoires de jeunesse. J’avais vu une bande annonce bien avant le confinement, je crois que c’était l’année dernière, mais j’avoue que j’ai manqué de temps, et il est tombé aux oubliettes. Lors d’une après-midi « ciné » je me demandais quel film je n’avais pas encore vu, en voyant l’affiche, plus aucune hésitation, je cliquais sur « play ».

Autant vous prévenir, vous risquez pour certain(es) de sortir vos mouchoirs. Ce film est poignant. On a l’impression de vivre la guerre et tous les évènements associés avec notre héroïne principale incarnée par la talentueuse actrice Alicia Vikander. Notre héroïne du jour se nomme Vera Brittain. Il s’agit d’une écrivaine anglaise dont j’ignorais ses écrits. En effet il n’y a pas eu de traduction française de son ouvrage autobiographique, ce qui est bien dommage car j’aurais aimé les lire. Mais qui sait j’aurais peut-être la motivation de le lire en version originale. J’adore l’anglais.

Je vous ai rédigé un petit résumé de sa biographie. J’espère que cela vous intriguera autant que moi.

 

Très bonne lecture.

 

Quelques mots sur l’héroïne et auteure

Qui se cache derrière cette forte personnalité ?

page2image27304144

Vera Mary Brittain née le 29 décembre 1893 à Newcastle-under-Lyme dans le Staffordshire en Angleterre est une écrivaine, pacifiste et féministe anglaise. Son père était un propriétaire de papeteries à Hanley et à Cheddleton. Elle est issue de l’union de Thomas Arthur Brittain et d’Edith Bervon. Elle a un frère Edward dont elle est très proche et qui est son confident.Dès l’âge de 13 ans, Vera est interne à l’école Ste Monica de Kingswood, dans le Surrey ; établissement scolaire dont sa tante est la Principale.

 

 

Vera et les trois mousquetaires

Vera Brittain est une jeune fille choyée par la vie. Issue d’un milieu aisé, après avoir surmonté les objections initiales de son père, il finit par accepter que sa fille passe le concours pour rentrer à Oxford au collège de Sommerville pour étudier la littérature anglaise. Elle est une des rares jeunes filles à accéder ainsi à l’enseignement supérieur.Intelligente, cultivée, douée pour l’écriture, elle est entourée d’un groupe de jeunes hommes, férus comme elle de littérature et dont le pilier est son cher frère Edward pour qui Vera voue une admiration sans bornes. Font partie de ce groupe d’amis surnommé « les mousquetaires », son frère Edward, Roland Leighton qui deviendra son fiancé et Victor Richardson, étudiant en médecine.

La Guerre éclate

La Première Guerre mondiale vient rompre la vie privilégiée et insouciante de ces jeunes gens. Un patriotisme exacerbé pousse les jeunes hommes à s’engager. Edward Brittain est l’un des premiers à s’enrôler. La guerre devrait disait-on « alors être courte ». Son père s’oppose tout d’abord à son choix mais Vera parvint à le convaincre par la suite. Les uns après les autres, les trois mousquetaires s’engagent, laissant Vera faire son entrée seule à Oxford. Malgré la correspondance qu’elle entretenait avec son frère et Roland, Vera pris la décision de mettre ses études de côté. Dès l’été 1915, elle s’engagea comme infirmière volontaire. Activité qu’elle assurera tout au long d’une grande partie de la Première Guerre mondiale.

Durant l’été 1915, Vera travaillait comme élève infirmière au Devonshire Hospital de Buxton où elle soigne des soldats en revalidation puis elle rejoignit le VAD (Voluntary Aid Detachment) en novembre 1915 pour œuvrer au sein du First London General Hospital.
En septembre 1916, Vera fut envoyée à Malte au St George’s Hospital. Elle y restera jusqu’en mai 1917. Elle demandera à reprendre du service et fut désignée pour le 24 th General Hospital à Etaples en France où elle arrivera le 3 août 1917.

Vera y soignera notamment des blessés allemands dans une salle qui leur était réservée. Cette expérience la convaincra de l’inanité de la diabolisation de l’ennemi et de la commune humanité des jeunes soldats quel que soit leur camp et sera à l’origine du pacifisme militant dans lequel elle s’engagea activement.

 

Naissance de l’écrivain

Amazon.fr - Testament of Youth - Brittain, Vera, Bostridge, Mark, Williams,  Shirley - Livres

Après la fin de la guerre, des années difficiles, des pertes douloureuse, elle est de retour à Oxford.
Traumatisée par les évènements, elle sombre peu à peu dans la dépression, et peine à se réadapter à la vie courante au sein de la génération d’après-guerre.

C’est alors qu’elle rencontre l’écrivaine Winifred Holtby (1898-1935). Une longue amitié s’ensuivra, alors qu’elles essaient toutes deux de se faire une place dans le milieu littéraire londonien.
Winifred parvint à la convaincre de transformer sa douleur en action, Vera guérit partiellement en sublimant ses souffrances par ses écrits.

Le premier roman de Vera Brittain, The Dark Tide (La marée sombre) publié en 1923, ne rencontre qu’un succès limité.
Ce n’est qu’en 1933, elle publie l’œuvre qui la rendra célèbre, Testament of Youth (Mémoire de jeunesse), suivie de Testament of Friendship (Mémoire d’amitié) publiée en 1940 qui est un hommage et une biographie de Winifred Holtby, suivie de Testament of Experience, la suite de son autobiographie, publiée en 1957.

 

 

Une pacifiste militante

Dans les années 1920, elle prend régulièrement la parole dans le cadre du fonctionnement de la Société des Nations. En juin 1936, elle est invitée à parler à un rassemblement pour la paix à Dorchester. Par la suite on l’invite à rejoindre l’organisation non gouvernementale pacifiste britannique Peace Pledge Union. Brittain devient aussi membre d’une association pacifiste anglicane, l’Anglican Pacifist Fellowship. Son regain de pacifisme passe au tout premier plan au cours de la Seconde Guerre mondiale, quand elle commence la série de ses Lettres aux amoureux de la paix.

A partir des années 1930, Vera Brittain collabore régulièrement, par ses articles, au magazine pacifiste « Peace news ». C’est ainsi qu’elle devient membre du comité éditorial de ce magazine durant les années 1950-60.
Vera écrira, entre autre, contre l’apartheid, le colonialisme et en faveur du désarmement nucléaire.

Vera se maria en 1925, eut deux enfants mais elle ne put jamais se passer de l’amitié et de la présence constante à ses côtés de celle qui l’avait tirée de la dépression. Vraisemblablement, Vera traîna toute sa vie des séquelles traumatiques. Elle souffrit sans doute aussi toute sa vie d’avoir poussé son père à accepter l’engagement de son frère Edward. Et à tout cela, la vision des innombrables jeunes gens mutilés qu’elle soigna ou accompagna jusqu’à la fin.

En novembre 1966, âgée de 70 ans, Vera fait une chute dans une rue mal éclairée de Londres, alors qu’elle se rend à une conférence en qualité d’oratrice. Fracturée au bras gauche, ainsi qu’à la main, ces blessures marqueront le début de son déclin physique et mental. Vera meurt, à Wimbledon le 29 mars 1970, à l’âge de 76 ans.

 

A propos du film : Mémoires de Jeunesses

Premières impressions

Nous sommes au début de l’été 1914, en pleine campagne anglaise, Vera à l’esprit frondeur est décidée à devenir écrivain malgré l’esprit conservateur de ses parents. Elle est résolue à passer l’examen d’admission pour entrer à Oxford. Tout semble aller bien dans le meilleur des mondes. Jolie et intelligente, Vera a grandi dans un milieu privilégié bourgeois, elle ne semble manquer de rien. Si ce n’est d’accéder comme ses camarades « mousquetaires », (son frère Edward et ses deux amis Roland et Victor) à un cursus universitaire et de viser un avenir plus grand qu’un mariage de convenance.

Pour la première fois, nous avons allons suivre sous un angle différent la Première Guerre. Sous les traits de notre jeune étudiante désireuse de se distinguer et éprise du séduisant Roland.
Notre quatuor innocent, va voir son destin bouleversé, sa jeunesse fauchée tout comme ses brillants projet d’avenir. Du jour au lendemain la Guerre éclate, et sans réaliser vraiment ce qui se passe, les hommes s’engagent et quittent leurs foyers ignorant totalement ce qui les attend. Les femmes restées attendent les nouvelles en tricotant …

En vivant les pensées et les mouvement de Vera, on ressent son angoisse grandissante, son incompréhension face à la réaction de son professeur « qu’est-ce qu’on peut faire d’autres nous autres les femmes ? », sa détermination à contribuer à l’effort de guerre et sa capacité d’endurance face à la souffrance des blessés de guerre.

Qu’adviendra-t-il des mousquetaires ? Quel sort les attend ? Comme elle le souligne, ce qu’elle imagine la terrorise bien davantage.

Loin d’être d’un film de guerre, c’est avant tout le récit d’une histoire d’un premier amour naissant contrarié au cœur de la grande Guerre. Il nous montre avec délicatesse et élégance des évènements dramatiques et des faits historiques.

 

Portrait d’une jeunesse sacrifiée

Bien que le film parle des horreurs de la première guerre mondiale, il y a très peu de scène de bataille Le réalisateur a préféré se focaliser sur les conséquences du combat. L’histoire ne se concentre pas sur le front mais plus sur les femmes restées derrière, permettant de voir ce côté de la guerre

Après ce magnifique été edwardien avant que la catastrophe ne frappe, on peut noter qu’au fur et à mesure du film, la caméra est de en plus focalisée sur Vera, dont pendant la guerre et ce qui se passe après, on est comme psychologiquement dans sa tête et on pense au défi qui l’attend pour qu’elle puisse aller de l’avant. Perdue face à l’immensité de sa douleur, dans sa campagne déserte et méconnaissable, c’est une femme brisée et traumatisée qui peine à reprendre le cours de sa vie d’étudiante.

La scène finale, est saisissante, nous retournons sur le lieu où commence le film. Nous assistons à la renaissance lente et douloureuse de notre jeune femme, qui ne pourra jamais oublié les fantômes qui planent au-dessus d’elle. Elle nourrit désormais un combat pacifique, pour ne plus jamais revivre « l’horreur ».

D’une beauté artistique qui met en valeur la qualité de la mise en scène, l’émotion qui se dégage de chaque scène et des mouvements maîtrisés de caméras qui filment au plus près, entre la boue et le sang, le film présente surtout un brillant et émouvant quatuor d’acteurs.

En réunissant autour de lui un casting international, Alicia Vikander (actrice suédoise), Kit Harrington (célèbre Jon Snow, acteur anglais), Colin Morgan (Merlin, acteur irlandais), James Kent rappelle implicitement que tous les pays du monde ont été touchés par cette crise mondiale.

En adaptant l’ouvrage autobiographique de l’écrivaine féministe Vera Brittain, le réalisateur James Kent réussi non seulement à éviter de tomber dans un film à l’eau de rose, mais aussi à livrer une œuvre sensible, au ton toujours juste et criant de vérité.

Et vous ? Avez-vous été aussi ému que moi ? Quelles sont impressions ? A très bientôt pour vos retours.. Je vous laisse découvrir la bande annonce pour les plus curieux. Je vous souhaite un très bon week-end.

 

Laissez un commentaire

Dans le même thème...